Les vagues d’épidémies ne sont pas terminées. Vivre avec le virus s’avère beaucoup plus difficile que ne le laissait présager le succès initial du vaccin. De nombreux experts estiment que, contrairement au mythe selon lequel nous glissons vers une relation évolutive confortable avec le coronavirus, semblable à celle du rhume, il s’agirait plutôt d’être piégé sur des montagnes russes. Pour l’heure, nous ne pouvons donc qu’opter pour une vaccination de rappel cet automne et continuer à faire preuve de bon sens pour nous protéger.
Par le Dr Pedro L. González, spécialiste en médecine préventive et en santé publique et journaliste scientifique
Une étude publiée a montré que la protection obtenue avec une quatrième dose de rappel est susceptible de diminuer encore plus rapidement que les rappels précédents.
Bien que les populations vaccinées soient relativement protégées contre les maladies graves et les décès, les pays où l’adoption du vaccin est élevée connaissent un nombre considérable de cas d’infections ponctuelles et de réinfections fréquentes.
Cela a été confirmé par une première étude menée en Israël, qui a révélé que les taux d’infection confirmée par le SARS-CoV-2 et l’infection grave par le COVID-19 étaient plus faibles après une quatrième dose de vaccin contre les variantes BA1 et Omicron qu’après trois doses seulement. Cependant, la protection contre l’infection confirmée semble être de courte durée.
Nous disposons de quelques données concernant le vaccin BA.1 (monovalent et bivalent) chez l’homme, âgé de plus de 55 ans, avec 3 doses antérieures du vaccin original, indiquant une bonne induction d’anticorps neutralisants contre BA.1 mais plus faible contre BA.5.
Le rappel BA.1 (bivalent contre la souche originale et la variante BA.1) sera lancé cet automne en Europe comme premier vaccin actualisé. Certains médecins soutiennent que, puisque nous avons laissé derrière nous la vague BA.1, il serait logique d’attendre un vaccin spécifique pour le BA.5, au milieu duquel nous nous trouvons actuellement.
Cependant, à l’heure actuelle, il n’existe aucune donnée sur un rappel de vaccin bivalent de la BA.5 chez l’homme, et rien n’indique quand il sera disponible en Europe.
En résumé, les chercheurs concluent que la vaccination offre une protection beaucoup plus forte et durable contre le COVID-19 que l’immunité naturelle obtenue par l’infection et la guérison. D’autant plus que, selon les données du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), les vagues Omicron censées être « légères » en 2022 ont ajouté plus de 250 000 nouveaux cas de COVID persistants à la charge clinique, ce qui laisse présager un héritage durable et misérable de cette dernière phase.
La sécurité ne sera pas un problème compte tenu des milliards de doses de vaccins à ARNm qui ont été administrées tout au long de la pandémie, mais nous attendrons également des données à ce sujet.
Les personnes âgées, les personnes souffrant de problèmes de santé sous-jacents et les personnes qui travaillent ou vivent dans des endroits à haut risque doivent recevoir une injection de rappel environ six mois après avoir reçu deux ou trois doses de vaccins Moderna ou Pfizer (ou la dose unique de Johnson &Johnson).
Si vous ne faites pas partie de ces catégories, le rappel de vaccin ne doit pas être une priorité pour le moment.
Les anticorps contre le COVID-19 pourraient rendre les rappels de vaccins inutiles
Des virologues ont découvert un anticorps capable de neutraliser toutes les souches actuellement connues de coronavirus (y compris Omicron) avec une efficacité pouvant atteindre 95 %.
L’anticorps, appelé SP1-77, est le fruit d’une collaboration entre des chercheurs de l’hôpital pour enfants de Boston et de l’université Duke, dont les résultats sont publiés dans la revue Science Immunology.
Bien que l’on en soit encore loin, les traitements par anticorps pourraient éliminer la nécessité de procéder à des vaccinations de rappel à l’échelle de la population chaque fois qu’une nouvelle variante apparaît.
Sources :
- Le renforcement du système immunitaire par B.1.1.529 (Omicron) dépend de l’exposition antérieure au SARS-CoV-2. CATHERINE J. REYNOLDS, et al. SCIENCE. 14 Jun 2022 Vol 377, Issue 6603 DOI: 10.1126/science.abq1841
- Options du vaccin modifié par l’omicron Pfizer/BioNTech COVID-19. FDA
- Protection par une quatrième dose de BNT162b2 contre Omicron en Israël. Yinon M. Bar-On, M.Sc., et al N Engl J Med 2022; 386:1712-1720. DOI: 10.1056/NEJMoa2201570
- Protection vaccinale contre le SRAS-CoV-2 et décès chez les vétérans américains en 2021. BARBARA A. COHN, et al. SCIENCE 4 Nov 2021. Vol 375, Issue 6578 pp. 331-336 DOI: 10.1126/science.abm0620
- Mise à jour de la situation COVID-19 pour l’UE/EEE, au 7 septembre 2022. European Center for Disease Control.
- Un anticorps provenant d’une seule souris humaine à réarrangement Vh neutralise toutes les variantes de SARS-CoV-2 jusqu’à BA.5 en inhibant la fusion membranaire. SAI LUO, et al. SCIENCE IMMUNOLOGY 11 Aug 2022 First Release DOI: 10.1126/sciimmunol.add5446