Le taux d’infection par le coronavirus a augmenté beaucoup plus rapidement que prévu depuis la réouverture quasi complète des sociétés européennes au début du mois de juin. Mais la variante BA.5 d’omicron est, comme le décrivent certains experts, « une bête différente, avec un nouveau super-pouvoir ». Comme aucune restriction ne semble devoir être promulguée, chacun doit être conscient de son risque d’infection et de ses conséquences à moyen et long terme.
Par le Dr Pedro L. González, spécialiste en médecine préventive et en santé publique et journaliste scientifique
La BA.5 présente une altération suffisante de la protéine spike pour que l’immunité conférée par un vaccin antérieur ou une infection antérieure par Omicron (y compris une infection récente) n’offre pas une grande protection.
Nous savons que la BA.5 est plus infectieuse et il est plus difficile d’atteindre l’immunité. On ne sait pas encore si elle est plus grave, mais on observe des pics inquiétants d’hospitalisations (mais pas encore de décès).
Pour avoir une idée du risque que représentent les rassemblements sans masques en intérieur, sachez que si vous avez une population asymptomatique de 6,5 % avec le COVID-19, dans une foule de 50 personnes, le risque d’être infecté est de 96 %. C’est particulièrement vrai maintenant que nous savons que le vaccin (même avec deux rappels) et/ou une infection antérieure offrent une protection relativement faible contre l’infection, même s’ils protègent encore énormément contre les infections graves et le décès.
L’une des clés de la BA.5 est qu’une infection antérieure n’offre plus de protection forte contre la réinfection. Et la vieille idée selon laquelle l’immunité hybride (vaccin plus infection) procure une super-immunité (et donc qu’il n’est pas nécessaire de faire attention) n’est plus vraie : on constate que ces personnes sont de nouveau contaminées dans les 1 à 2 mois.
D’autre part, de nombreuses études ont évalué les risques de COVID-19 persistant, entendu comme tout symptôme persistant plus de 1 à 2 mois après l’infection aiguë. La plupart des études estiment la prévalence du COVID persistant à 15 à 20 %.
La personne la mieux protégée a encore au moins une chance sur 20 de présenter des symptômes persistants si elle est infectée du COVID-19 aujourd’hui. Et tandis que certains cas de COVID long impliquent un seul symptôme qui ne diminue pas de façon marquée la qualité de vie (comme la toux ou une légère perturbation du goût), d’autres impliquent des symptômes invalidants comme une fatigue profonde, un brouillard cérébral important ou un essoufflement intense.
En plus des symptômes qui durent plusieurs mois ou plus, il existe également un risque d’autres complications à long terme qui sont déclenchées par l’infection initiale. Une augmentation significative des crises cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux, du diabète et des caillots sanguins, mesurée au moins un an après le moment de l’infection, a été observée.
Agir sur le principe de précaution avec le COVID-19
Face à ces risques, comment agir pour préserver sa santé à moyen et long terme ?
Tout d’abord, si vous n’avez pas été vacciné au moins trois fois, vous devez vous assurer de le faire. Une vaccination à jour – en plus de ses autres avantages – réduit de 15 à 50 % la probabilité de développer un COVID long, selon l’étude.
Continuez à porter un masque au supermarché et dans d’autres endroits clos sans ventilation adéquate. Il en va de même pour les grands rassemblements ou les événements où la distance entre les personnes est insuffisante. La BA.5 se transmet également à l’extérieur. Il convient de noter que les taux d’infection officiels sont en réalité supérieurs d’environ 100 points car ils ne tiennent pas compte de tous les cas non déclarés diagnostiqués par des tests à domicile.
Malheureusement, il n’est pas possible de savoir quand cela se produira, ni même si cela se produira, car de nouvelles variantes infectieuses continuent d’apparaître et d’échapper à l’immunité. Nous devrons voir les résultats avec une quatrième dose mieux conçue pour Omicron.
Le prix à payer pour rester prudent semble inférieur aux risques d’un COVID persistant prolongé. S’il faut se réjouir de la diminution du nombre de cas de COVID-19 aigus graves, la menace à long terme que représente le coronavirus mérite notre respect.
Sources :
- Variantes préoccupantes du SARS-CoV-2 et variantes en cours d’investigation en Angleterre. Technical briefing 43 24 June 2022 UKHSA
- Résultats de l’infection par le SARS-Cov2. https://doi.org/10.21203/rs.3.rs-1749502/v1
- Efficacité vaccinale de la série primaire et des doses de rappel contre les hospitalisations associées à la variante Omicron du COVID-19 aux États-Unis. Katherine Adams. medRxiv 2022.06.09.22276228; doi: https://doi.org/10.1101/2022.06.09.22276228
- COVID long après une infection par le SARS-CoV-2. Al-Aly, Z., Bowe, B. & Xie, Y. Nat Med (2022). https://doi.org/10.1038/s41591-022-01840-0
- Association entre deux événements de rassemblement de masse en plein air et l’incidence des infections par le SARS-CoV-2 pendant la cinquième vague de COVID-19 dans le nord-est de l’Espagne : une analyse de contrôle apparié basée sur la population. The Lancet Regional Health Europe.Published: February 28, 2022 DOI: https://doi.org/10.1016/j.lanepe.2022.100337
- Rapports sur les mutations du SRAS-CoV-2 (hCoV-19). Lineage Comparison. outbreak.info