Contrairement à ce que les médecins croyaient jusqu’à présent, la testostérone réduit la récidive du cancer de la prostate chez les personnes à faible risque face au traitement hormonal et améliore donc l’approche de la dysfonction sexuelle qui apparaît à la suite de cette chirurgie. Cette découverte a été rapportée dans des revues urologiques et de traitements hormonaux tels que Prostate et Hormonal Treatment et a fait l’objet d’un débat lors du Congrès de l’Association Européenne d’Urologie qui s’est tenu récemment à Barcelone.

 

Les travaux présentés par un groupe de chercheurs américains constituent l’étude la plus importante à ce jour sur la relation entre la testostérone et l’évolution du cancer de la prostate. Les chercheurs ont montré que l’utilisation de la testostérone réduit, chez certaines personnes, et n’augmente pas, comme on le croyait, la possibilité que le cancer puisse se reproduire.

 

L’équipe, dirigée par le professeur Thomas Ahlering, a travaillé avec 834 patients ayant subi une ablation chirurgicale de la prostate. Ils ont traité 152 patients à faible risque, sans aucun signe de maladie après un traitement de substitution à la testostérone. Après une moyenne de 3,1 ans après l’intervention chirurgicale, les patients ont été examinés pour déterminer la récidive biochimique du cancer, grâce à la mesure des taux d’antigène prostatique spécifique (PSA en anglais).

 

Ils ont constaté que le cancer n’était réapparu que chez environ 5 % des patients traités, alors qu’il était réapparu chez 15 % des patients qui n’avaient pas reçu de testostérone. Dans l’ensemble, après avoir examiné les différences entre les groupes, ils ont constaté une réduction de près de trois fois en trois ans.

 

Bien que la testostérone seule ne guérisse pas le cancer, elle peut réduire la croissance du cancer, « ce qui offre en moyenne 1,5 années de plus avant que l’on ne trouve des traces de cancer », a déclaré Thomas Ahlering lors de la présentation de l’étude à Barcelone.

 

Comment la nouvelle a-t-elle été interprétée ?

 

Les médecins ont toujours considéré la testostérone comme une hormone qui favorise le cancer de la prostate. La conviction était telle qu’en 1966, les travaux des docteurs Huggins et Hodges sur l’impact de la testostérone sur ce cancer ont reçu le prix Nobel de médecine. Depuis lors, tous les traitements visaient à réduire les taux de testostérone chez ces patients, avec les effets secondaires qui en découlent sous forme de dysfonction sexuelle.

 

Certains médias professionnels tels que Medical XPress ont reflété les progrès réalisés dans le retard des récurrences que cette étude révèle. Pour sa part, l’hebdomadaire en ligne Everyday Health a mis l’accent sur l’innovation et la capacité d’apporter de la personnalisation dans le traitement des patients atteints du cancer de la prostate.

 

InfoSalus, avec un public plus large, a souligné que « le remplacement de la testostérone non seulement n’augmentait pas la récidive, mais diminuait même les taux ».

 

Quelle est son application dans la vie de tous les jours ?

La recherche attire l’attention sur la nécessité de connaître les taux de testostérone après une ablation radicale de la prostate. Chez les patients dont le cas est approprié, le traitement à base de testostérone a un effet immédiat sur leur qualité de vie.

 

La testostérone est connue pour améliorer certains marqueurs physiologiques comme le cholestérol et les triglycérides, tout en améliorant la masse musculaire et en favorisant une meilleure sexualité.

 

Ce dernier aspect est d’une importance vitale si l’on considère que la dysfonction érectile touche 75 % des patients traités par chirurgie ou radiothérapie. Cette dysfonction érectile a été traitée par des médicaments spécifiques ou par la chirurgie prothétique mais désormais son pronostic peut être considérablement amélioré grâce à la testostérone.