Le mélanome est le cancer dont l’incidence a le plus progressé au cours de la période 2010-2018, avec une croissance moyenne de 3,45 par an. Ce fait est lié à l’augmentation de l’exposition aux rayons ultraviolets qui s’est produite au cours des dernières générations, entre le soleil et les cabines de bronzage.
Par le Dr Pedro L. González, spécialiste en médecine préventive et en santé publique et journaliste scientifique
Le risque de souffrir d’un mélanome est essentiellement lié aux coups de soleil, en particulier ceux qui surviennent au cours des 20 premières années de la vie, lorsque la peau est plus sensible aux dommages causés par le soleil. Comme la peau a une mémoire, bien que les dommages puissent apparaître de nombreuses années plus tard, la prévention doit être faite dès l’enfance.
Les personnes ayant des peaux claires et les yeux bleus et qui se pigmentent rapidement après une exposition au soleil sont plus susceptibles de contracter un mélanome. Il en va de même pour les personnes ayant de nombreux grains de beauté sur le tronc et les extrémités, celles ayant des antécédents familiaux de mélanome et celles ayant des antécédents d’exposition excessive au soleil, en particulier au début de la vie, lorsque la peau est la plus sensible aux effets nocifs des rayons ultraviolets.
Actuellement, la plupart des experts en mélanome ne recommandent pas les tests génétiques pour toutes les personnes ayant des antécédents personnels ou familiaux de mélanome, car l’utilité des résultats du test n’est pas claire.
En 2015, 83 % des cas de mélanome diagnostiqués en France ont été attribués à une exposition au soleil excessive. Les lésions de mélanome étaient plus fréquentes dans les tranches d’âge les plus jeunes (30-49 ans) et également plus fréquentes chez les hommes que chez les femmes : 89 % contre 79 %. Au total, 382 cas de mélanomes ont été attribués à l’utilisation des cabines de bronzage, ce qui équivaut à 1,5 % et 4,6 % du total des mélanomes diagnostiqués chez les hommes et les femmes respectivement.
L’ABCDE du mélanome
Dans la plupart des cas, il apparaît sous la forme d’une tache sur la peau, initialement sans relief, mais d’une couleur très sombre ou noire. Dans certains cas, nous pouvons trouver des lésions qui ont déjà un relief dès le début. Sans aucun doute, la meilleure façon de savoir si un grain de beauté ou une tache est dangereux est de consulter un dermatologue. Mais il existe des signes qui peuvent nous aider à détecter si le grain de beauté peut être malin ou s’il l’est déjà et consulter sans attendre.
La règle de l’ABCDE facilitera la mémorisation de ces signes :
- Asymétrie : les taches, les taches ou les grains de beauté très asymétriques sont plus susceptibles d’être malins.
- Bords irréguliers : les mélanomes ou les grains de beauté malins ont généralement des bords irréguliers.
- Couleurs variées : un grain de beauté ayant plus de 2 ou 3 couleurs a plus de risques d’être malin.
- Diamètre : les grains de beauté de plus de 6 mm de diamètre présentent un risque accru de mélanome.
- Évolution : les grains de beauté bénins changent peu au fil des ans, et s’ils le font, c’est généralement très progressif. Si un grain de beauté change en quelques mois, vous devez consulter un dermatologue.
En général, il est conseillé de consulter un dermatologue lorsque nous détectons la présence d’une nouvelle tache cutanée ou d’un changement significatif d’un grain de beauté précédent, surtout s’il présente une zone totalement ou partiellement noire, s’il saigne ou s’il a une blessure à la surface.
Moins fréquemment, les mélanomes peuvent causer une gêne ou des démangeaisons, il est donc conseillé de consulter un spécialiste pour tout grain de beauté présentant une forme de symptomatologie.
La prévention du mélanome
La meilleure façon de prévenir le cancer de la peau est de se protéger contre le soleil, en particulier chez les enfants et les adolescents, afin d’éviter l’accumulation de coups de soleil produits par les rayons ultraviolets. Cette protection devrait être plus intense, en particulier chez les personnes à la peau claire et chez les patients ayant des antécédents familiaux de mélanome ou ayant de multiples grains de beauté.
À l’âge adulte, il est également important de se protéger contre les rayons UV (tant du soleil que des cabines de bronzage) et de se faire examiner régulièrement par le dermatologue, en particulier chez les patients présentant des facteurs de risque.
Bien que la population générale soit de plus en plus consciente de l’importance de la protection solaire, tout le monde ne la pratique pas correctement. Il convient de ne pas s’en remettre à une seule méthode de protection, mais de prendre en compte plusieurs aspects, tels que :
- Réduire la durée totale d’exposition au soleil.
- Éviter les heures autour de midi, surtout en été, lorsque le soleil est le plus fort.
- Mettez-vous à l’ombre.
- Protégez-vous avec un chapeau, des lunettes de soleil et des vêtements appropriés.
- Utilisez toujours un écran solaire pour vous protéger, même en hiver. Ils doivent avoir un facteur de protection solaire (SPF) élevé (actuellement, on considère le SPF de 30 comme étant le minimum approprié).
Un diagnostic précoce est le moyen le plus utile pour pouvoir guérir un patient atteint d’un mélanome, car la grande majorité des cas sont guérissables s’ils sont diagnostiqués à temps. Dans les pays d’Europe du Sud, comme la France et l’Espagne, le taux de survie moyen est estimé à 83,2 % des personnes dans les cinq ans suivant le diagnostic.
Sources :
- Mélanome cutané en France en 2015 attribuable au rayonnement ultraviolet solaire et à l’utilisation des cabines de bronzage. Arnold M, Kvaskoff M, Thuret A, Guénel P, Bray F, Soerjomataram I. J Eur Acad Dermatol Venereol. 2018;32(10):1681-1686. doi:10.1111/jdv.15022
- Mélanome cutané https://www.cancer-environnement.fr/340-Melanome-cutane.ce.aspx
- La survie des patients atteints de mélanome cutané en Europe augmente encore : résultats de l’étude EUROCARE-5, Crocetti E., Mallone S., Robsahm T.E., Gavin A., Agius D., Ardanaz E., Chirlaque Lopez M.D., Innos K., Minicozzi M., Borgognoni L., Pierannunzio D., Eisemann N., EUROCARE-5 Working Group, European Journal of Cancer 2015,51: 2179-2190